sábado, 13 de julho de 2013


A respeito do concurso de agrégation de Historia na França


L’inclusion de la Péninsule Ibérique au programme de l’agrégation d’histoire suscite une polémique

Serge Gruzinski, directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’Ecole de hautes études en sciences sociales (EHESS), et Luiz Felipe de Alencastro, professeur d’histoire du Brésil et directeur du Centre d’études du Brésil et de l’Atlantique Sud, à l'Université de Paris Sorbonne, contestent l'intitulé du nouveau programme de l'agrégation d'histoire concernant la péninsule ibérique et ses relations avec les territoires d'outre-mer, dont l'actuelle Amérique latine :
" Comme beaucoup d’historiens et de chercheurs en Sciences Humaines nous avons appris avec satisfaction l’annonce de la nouvelle question au programme de l'agrégation d'histoire pour les sessions 2014 à 2016 : "La péninsule ibérique et le monde, années 1470-1640". D’habitude, les sujets d’histoire moderne traitent de thèmes français, globalement européens ou mondiaux. Cette fois la question est centrée sur la Péninsule Ibérique: nous nous en félicitons. Il est certain que l’indication de ce sujet -, qui n’était pas abordé depuis longtemps et qui probablement ne sera repris de sitôt -, fera date pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire des mondes nouveaux iberophones.
" Le choix de la date initiale, l’année 1470, paraît pertinent dans la mesure où il permet d’étudier les découvertes des îles atlantiques, la guerre de Succession de Castille, les conflits et les ententes qui définissent des frontières entre le Portugal et l’Espagne, aussi bien dans la Péninsule que dans l’outremer. L’année 1640, choisie pour clôturer la période étudiée, prête davantage à discussion. Il est vrai que cette date signale un tournant décisif, la restauration de la souveraineté portugaise sous la dynastie des Bragance. Mais elle boucle l’histoire ibérique dans un intervalle de temps marqué, dans son dernier tiers (1580-1640), par la domination ibérique et ultramarine de la couronne de Madrid.
Le schéma le plus éculé de l'historiographie évolutionniste
" De ce fait, c’est un sujet à dominante espagnole qui se profile derrière la période choisie pour encadrer le programme du concours d’agrégation. A rebours des recherches les plus récentes, une telle perspective conforte le schéma le plus éculé de l’historiographie évolutionniste: les Portugais ouvrent des comptoirs et des voies d’échanges dans l’Océan Indien et en Extrême Orient au XVIème siècle, avant d’en être chassés par les Hollandais, les Espagnols, les Français ou encore les Anglais, lesquels, au sommet de cette pyramide des espèces colonialistes, empochent toutes les mises au XIXème siècle. Or, un tel schéma ne parvient pas à expliquer la permanence portugaise dans l’outremer jusqu’aux XIXème et XXème siècles, et les nouveaux rapports de force dans la péninsule ibérique et le monde.
" Toute autre aurait été l’analyse si l’année clôturant la période eut été 1668, date du traité de paix entre Madrid et Lisbonne. Devenus patents autour de 1668, plusieurs faits importants -, l’affermissement de la souveraineté de Lisbonne par l’association des Bragance et des conseils palatins, les revers des Portugais en Asie et leur revanche prise sur les Hollandais dans l’Atlantique Sud, les échanges bilatéraux entre les ports négriers angolais et les zones de plantations de l’Amérique portugaise, la consolidation de l’alliance luso-britannique contre l’Espagne -, auraient aidé à mieux comprendre le passé et le présent. Tout en sachant que l’énoncé du programme ne pourra pas être reformulé, nous tenons à exprimer ces commentaires dans l’espoir de contribuer à l’étude de la question lors des cours préparatoires au concours.
" Prenant en compte la période 1470-1668, étudiants et chercheurs pourront mieux apercevoir les enjeux de la modernité qui transformèrent les deux branches iberophones dans les idiomes européens les plus utilisés au monde comme langue maternelle. "
Serge Gruzinski, Directeur de recherche au CNRS et Directeur d’Etudes à l’Ecole de Hautes Etudes en Sciences Sociales.
Luiz Felipe de Alencastro, Professeur d’Histoire du Brésil et directeur du Centre d’Etudes du Brésil et de l’Atlantique Sud, Université de Paris Sorbonne.

Nenhum comentário: